11 nov. 2024 /
AVICULTURE
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Questions Chicky à Romain Harel, Head of Farming

 

Il se lève avec les poules et connaît leurs comportements et leurs habitudes sur le bout des ongles… Pour Avinews, Romain Harel, Head of Farming chez Avipro, répond aux questions qu’on n’ose pas toujours poser !

Qu’est-ce qui fait glousser nos poulet(te)s ?

Pour être heureux, les poulets ont besoin d’avoir : une bonne alimentation, une eau de qualité, de bonnes conditions d’élevage avec une quantité et une intensité de lumière adéquate une aération optimale (il ne faut pas qu’il fasse trop chaud une litière sèche et en bon état (si elle est trop humide, cela peut abîmer leurs pattes), et pour finir, je dirais la sérénité de se savoir protégés contre les maladies.

 

Si chaque œuf était une surprise, quelle serait la probabilité de trouver un poussin caché à l’intérieur ? Ou est-ce plutôt une sorte de « loterie de la nature » ?

 

Ce n’est pas une loterie. Toutes les poules pondent en général, mais pour avoir un poussin, il faut un mâle. Je ne vais pas entrer dans tous les détails, mais si le mâle est trop gros ou trop maigre, la performance sera moins bonne. Idem pour la poule. Il faut s’assurer que tous les critères sont bons, mais aussi que l’oiseau soit en bonne santé. Une fois l’œuf pondu, il est sélectionné pour être mis en incubation, où il sera alors chauffé selon des paramètres très précis, pour qu’enfin un poussin puisse éclore 21 jours plus tard.

 

Et la fameuse question existentielle : Qui vient avant, la poule ou l’œuf ?

 

Pour moi, c’est l’œuf. Il y a d’abord eu des reptiles qui ont pondu des œufs qui sont ensuite devenus des poulets… Non, menti. Il n’y a pas de réponse. Je ne vais pas répondre à cette question-là !

 

Plus sérieusement…

  • Comment nos poulets font-ils pour rester à l’abri des virus ?

Pour que les oiseaux restent en bonne santé, ça commence par la biosécurité ! Grâce à notre labo et à nos collègues vétérinaires présents sur les fermes, nous faisons les contrôles nécessaires et avons notamment des plans de vaccination en place afin de prévenir les maladies. L’accès aux fermes est restreint pour éviter une possible transmission et il peut y avoir des délais de 7 jours à respecter entre les visites d’un site à un autre, sans compter que les véhicules y sont interdits. Pour les personnes autorisées, c’est douche et shampoing obligatoires. Si tu visites une ferme, oublie ton brushing ! On te donne une tenue spéciale avant d’entrer dans chaque bâtiment, tu dois te laver et désinfecter les mains, les bottes… De plus, on fait attention à ce qu’il n’y ait pas de rongeurs ou de pigeons qui entrent dans le bâtiment car ils peuvent être porteurs de maladies.

 

  • Nos poulets sont-ils prêts à accueillir des cousins de l’étranger sans attraper la grippe ?

C’est un gros risque d’importer des oiseaux, mais les services vétérinaires du gouvernement (la DSV) s’assurent du bon respect des procédures strictes. Chez Avipro, on fait venir des poussins trois fois par an pour renouveler nos cheptels, mais ils passent par des contrôles rigoureux : quarantaine, tests en laboratoire… Les vrais risques sont plutôt liés aux importations illégales. Chez nous, dans nos élevages, c’est sans antibiotiques, sans hormones, et sous contrôle extrêmement strict.

Il n’y a pas de grippe aviaire à Maurice et il faut que ça reste comme ça !

 

  • Comment savoir si une poule éternue et faut-il avoir peur ?

Je n’arriverais pas à l'imiter (rires) ! Mais elle fait des petits bruits. Il faut prendre son temps et bien écouter. Dans le bâtiment, un technicien sifflera pour que les poules se calment et il sera alors possible d’entendre les éternuements.  Il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour l’homme, mais pour les autres poules, oui, car ça voudra dire qu’elle peut les contaminer.

 

  • Comment être sûr qu’elles n’ont pas attrapé la grippe ?

En cas de grippe aviaire, il y a de forts taux de mortalité tout de suite. Ensuite, il y aura des tests post mortem effectués en laboratoire par nos vétérinaires pour vérifier tout soupçon. De manière générale, notre labo effectue des analyses régulièrement pour s’assurer de la santé des oiseaux, mais aussi de la qualité de leur environnement, et des produits finis (pour la santé des consommateurs).

 

  • Un conseil à quelqu’un qui veut se lancer dans l’élevage de poulets ?

Pour moi, le plus grand défi dans l’élevage de poulets, c’est la vente. Quand ils sont prêts à être vendus, il faut que le client le soit aussi. Sinon, cela peut vite devenir un problème : le poulet continue de grandir, et ne correspond plus au besoin du client, et on risque de devoir le vendre à perte. Vendre 1 000 poulets, ce n’est pas comme en vendre 100. Il faut bien maîtriser la demande et à partir de là mon conseil serait d’aller à Avishop, qui fournit des poussins, des aliments, mais aussi des équipements et des conseils adaptés.

 

***

VRAI OU FAUX ?

Idées reçues, mythes ou généralités, nos poulets et poulettes en voient de toutes les couleurs… Romain Harel, Head of Farming, nous aide à démêler le vrai du faux !

Les poules ne volent pas.

Plutôt vrai, je dirais. Mais elles sautent !

Les poules adorent prendre des bains de poussière.

Vrai. C'est un comportement naturel chez les poules. Sur les fermes d’Avipro, des copeaux de bois sont placés au sol – les oiseaux en font leur matelas – un matelas qui va aussi servir à absorber leurs fientes.  Nous faisons en sorte que les copeaux soient bien secs car ils constitueront la poussière utilisée par les poules pour leurs bains.

Les poulets sont trop stressés.

Faux. Notre travail, c'est d’ailleurs de s’assurer qu’ils soient élevés dans les meilleures conditions possibles. Bonne alimentation, eau potable… tout ce qui contribue à leur bien-être.

Eau potable ? On pourrait donc boire leur eau ?

(Une pause). Oui. Je ne vais pas utiliser leurs pipettes, mais oui, c'est vrai.

Sans coq, impossible pour une poule de pondre un œuf !

Faux. Une poule n’a pas besoin d’un mâle pour pondre un œuf, mais pour avoir un poussin, oui forcément…

Les poules ne pondent qu’un œuf par jour.

Moins d’un œuf par jour ! En théorie, elles pondent un œuf toutes les 26 heures. Donc, si on a 100 poules, on n’aura pas 100 œufs, mais 98-99 par jour. Ça dépend aussi de leur âge.